Volume 7 N°2

1996

Abstrait

L’anticlinal actuel à coeur triasique du Djebel Djébissa, près de Tébessa en Algérie, contre la frontière algéro-tunisienne, n’avait pas été révisé depuis Pervinquière (1903) et Durozoy (1956).

Divers niveaux du Crétacé inférieur et moyen recouvrent normalement, ou primitivement normalement, le cœur triasique de l’anticlinal.

Au NE, le Crétacé inférieur de Kanguet el Mouhad commençant localement par des conglomérats à éléments triasiques, correspond à des carbonates épinéritiques de l’Aptien à orbitolines, puis de 1′ Albicn à mélobésiées. Il se termine par un hard ground phosphaté de l’Albien inférieur ou moyen.

Au SW, une barre carbonatée, antérieurement attribuée au Turonien, est datée de l’Aptien supérieur Albien basal(?). Par ailleurs, nous avons découvert des calcaires, probablement d’âge albien, reposant à plat sur le Trias du Djebel Djébissa par l’intermédiaire d’un niveau sédimentaire minéralisé, localement bréchique.

A l’E, l’Albien marneux est localement en concordance avec la limite supérieure du Trias, sans évidence de contact anormal.

Au SE, le Cénomanien marneux se présente de façon analogue et remanie des éléments triasiques.

Des dépôts gréseux attribués au Miocène reposent directement sur le Trias près de la mine de Kanguet el Mouhad. Cette discordance traduit le plissement atlasique fini-éocène. Enfin, le Plia-Quaternaire détritique continental du flanc ouest est discordant, verticalisé et parfois légèrement déversé. La structure actuelle correspond à un pli coffré, localement déversé vers le NW, apparemment non extrusif.

Les nouvelles datations, la géométrie des corps sédimentaires et la nature des minéralisations conduisent à reconstituer un dôme de sel sous-marin, mis en place en domaine tabulaire distensif, alimenté par des fluides chauds de l’Aptien au Cénomanien inférieur. Cette interprétation permet de rendre compte de la dénudation sous-marine locale répétée du matériel triasique, de l’épaississement rapide de type rim syncline des séries en quelques kilomètres aux alentours, de l’arrêt brutal en plan des barres carbonatées (interférences failles radiales-failles normales périphériques) et de la localisation de la déformation atlasique là où la série crétacée était la plus mince.

Contrairement aux apparences, le Djebel Djébissa n’est pas un diapir classique à cœur extrusif au sens originel du terme (Mrazec, 1907), mais un simple anticlinal coffré, localement déversé, déformant ultérieurement par inversion tectonique un dôme de sel extensif crétacé.

André CHARRIERE, Bernard ANDREU, Fatiha KHECHID-BENKHEROUF et Jean-Marie VILA