Volume 7 N°2
1996

Abstrait
L’unité granulitiquede l ‘In Ouzzal est composée principalementd’ orthogneiss chamockitiques de type tonalite – trondhjémite – granodiorite (TIG) et d’un matériel d’origine volcano-sédimentaire constitué de lentilles basiques à ultrabasiques qui sont d’anciennes tholéïtes et komatiites intercalées avec des métasédiments de type marbres, quartzites à magnétite et granulites aluminomagnésiennes.
La croûte continentale représentée par l’unité granulitique de l’In Ouzzal s’est formée durant diverses périodes d’activités orogéniques qui s’étalent entre 3 500 et 2000 Ma. L’individualisation d’une croûte continentale composée de tonalites et de trondhjémites s’est dèroulée entre 3500 et 2700 Ma alors que le dépôt des métasédiments s’est réalisé autour de 2700 – 2600 Ma. La nature des métasédiments (marbres, quartzites, pélites anormales) distincte de ceux des ceintures vertes de bas degré de métamorphisme, est interprétée comme étant de plate-forme en milieu marin de faibleprofondeur. La composition chimique très particulière des granulites Al-Mg ne correspond pas · à des résidus de fusion partielle mais à des mélanges de sédiments issus du démantèlement et de l’altération hydrothermale de matériaux basiques à ultrabasiques et granitiques. Les métasédiments aux chimismes très variés de l’In Ouzzal comme les granulites Al-Mg, les quartzites, les marbres fournissent des indications précieuses sur la nature des protolithes avant 2600 Ma et suggèrent indirectement la présence à cette époque de terrains typiques de l’Archéen composés d’une série hi-modale de ceintures vertes et granites en grande partie disparus. Dans la majorité des continents, la croissance crustàle atteint son apogée au cours de l’Archéen terminal, durant le développement des ceintures vertes autour de 2800-2600 Ma et s’achève à 2500 Ma marquant la limite entre l’Archéen et le Protérozoique inférieur.
Une activité orogénique comparable est mise en évidence dans In Ouzzal. Vers 2650 Ma se mettent en place des granites alcalins similaires en composition aux granites des rifts c’est à dire dans un régime de tectonique extensive. Le dernier événement magmatique à l’Archéen se situe vers 2500 Ma et correspond à la mise en place de chamockites d’affinités granodioritiques à monzogranitiques appartenant à une série calco-alcaline issue de la fusion partielle de la croûte continentale durant un épaississement crustal peut être accompagné d’un métamorphisme de haut grade dont les paragénèses ont été oblitérées par le métamorphisme extrême Eburnéen (2000
Ma). La structuration majeure observable dans l’In Ouzzal est éburnéenne et correspond à une tectonique tangentielle en conditions granulitiques de très haute température (900-1050°C à 10-11 kbar). La structure initiale E-W a été reprise par des plis déversés vers le NW, puis par des cisaillements décrochants sénestres, le tout dans un contexte granulitique en décompression (9 à 6 Kbar). Ce métamorphisme s’accompagne d’une fusion partielle très limitée malgré les très hautes températures atteintes ; ce très faible taux de fusions’ explique par l’absence de fluides, notamment RiO, probablement suite à un événement de haut grade vers 2500 Ma responsable de la déshydratation précoce de la croûte continentale profonde. Les textures réactionnelles et l’évolution des paragcneses à l’Eburnéen suggèrent une trajectoire P-T horaire caractérisée par une évolution prograde à haute pression suivie d’une décompression isotherme avec probablement des flux de chaleur importants liés à de l’«underplating» à l’interface manteau-croûte inférieure dont quelques traces à l’affleurement seraient représentées par de rares anorthosites ou ultramafites.
Mots clés : Archéen, Eburnéen – Hoggar, In Ouzzal – Granulites – Métamorphisme de très haute température.